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19 juillet 2015 7 19 /07 /juillet /2015 18:59

D'abord la maison basse frangée de glycine.

Puis le jardin qui bascule dans l'ombre du soir.

Là, sous la pluie, le marronnier secoue des brassées de fleurs blanches.

Plus loin les aubépines exhalent des effluves de miel. Haleine embaumée.

Là-bas, des arbres frêles se penchent sur les marécages ; tout mousse dans l'eau laiteuse ; un bateau tangue.

Invisibles, les rossignols vocalisent, les grenouilles s'égosillent, l'herbe reverdit sous la pluie. Nos oreilles boivent les chants de la nuit.

Tu me tiens par les mains. Tu me tiens par les hanches comme le jardin balance.

Je navigue immobile entre tes épaules. Etreintes interminables.

Tu m’invites et je te suis dans la nuit.

Nos pas joyeux giclent dans le bocage. La terre détrempée aspire et relâche nos bottes en succions successives. Ca et là, des gerbes de plantes jaillissent jaunes et luminescentes, des vers luisants jettent des éclats brefs.

Je lèche tes joues, tes paupières et ton ventre. Je t’enveloppe de ma langue, je t’ensalive tout entier, je t’avale en mon palais. Le quatre-quarts fond dans ton nombril, ruisselle, lait sucré et se mêle au goût de tes chairs tendres.

Je m’introduis dans ton oreille, te lape. Je prends ta bouche, explore ton cou jusqu’à ce que tu me prennes à ton tour.

Je te veux. Je suis à toi et te chevauche. Tu me pénètres, m’ouvres et je m’écartèle souveraine.

Tes mains me lissent et me torturent, je te mords, mon trésor.

Tu rugis et je te maintiens. Je m’impose à toi, redouble douce et féroce. Je sonne, bourdonne, carillonne, résonne à toutes tes pores. Tout bruisse, frémit, vibre, palpite, cœur énorme, veines pleines de désir pur, de joies sans cesse nouvelles.

Je te couve des yeux, te caresse, t’étreins sans fin comme tu me souris à l’infini.

Je te découvre ma merveille, je t’invente mon trésor et te recouvre de mon être tout entier.

Nous nous quittons tout à la joie de fuser ensemble en pensée.

Je ne cesse de te chercher, fébrile. Tu me trouves de temps à autre en des lieux de hasard.

Sans toi je deviens imbécile, imprudente. Je te fuis, fais tout pour t’oublier voire te remplacer. En vain. L’autre est fade, ne remplace rien, n’apaise rien, divertit peu et laisse mon manque de toi entier.

Je bascule dans le jardin.

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commentaires

C
très beau texte finement sensuel et érotique...
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V
C'est très gentil de me le dire ici. Une suite est en cours. Voire plusieurs.<br /> Merci Capucine, je vous apprécie.

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